28 % de recul sur un an, c’est le chiffre qui fait trembler les habitués du secteur : jamais le marché de l’occasion n’avait encaissé une telle contraction depuis la fin de la décennie 2010. Le paradoxe, c’est que pendant ce temps, les stocks dépassent un seuil inédit depuis 2019. L’équilibre entre vendeurs et acheteurs, longtemps à l’avantage des premiers, bascule : la surabondance de véhicules pousse les prix à la baisse, et rebat les cartes pour tous les acteurs.
Cette nouvelle donne rebat les scénarios post-pandémiques, où la flambée des valeurs résiduelles semblait s’être installée durablement. Les constructeurs, tout comme les distributeurs, se retrouvent à réajuster leurs plans, dans un contexte où l’arbitrage entre achat neuf et occasion devient bien plus fréquent que ces dernières années.
Ce qui fait bouger les prix sur le marché de l’occasion : analyse des influences majeures
Le marché de l’occasion traverse un moment charnière. L’offre ne cesse de gonfler, mettant une pression croissante sur les prix. Avec des stocks de véhicules d’occasion qui pulvérisent les records depuis cinq ans, le paysage a radicalement changé. Plus de 3,5 millions de voitures en attente d’acheteurs occupent désormais les parkings, toutes marques confondues. Ce trop-plein bouleverse l’équilibre du marché voitures occasion France.
Pour comprendre ce bouleversement, il faut regarder dans le détail. Depuis 2023, la reprise des immatriculations de voitures neuves alimente en continu l’offre sur le marché de la seconde main. Les constructeurs et distributeurs, confrontés à une vague de retours provenant des locations longue durée, injectent sur le marché des milliers de voitures d’occasion en un temps record. Tous les types de véhicules sont concernés : diesel, électrique, SUV ou citadine, rien n’échappe à cette vague.
Les chiffres d’Autobiz sont sans appel : l’écart entre le nombre de voitures d’occasion vendues et celles arrivant sur le marché se creuse au profit de l’offre. Ce constat dépasse les frontières françaises. À l’échelle européenne, la tendance est similaire, avec une pression sur les tarifs qui se fait sentir dans plusieurs pays. La demande, de son côté, se montre bien plus hésitante, rendant le marché imprévisible.
Quelques modèles parviennent à tirer leur épingle du jeu, soutenus par une rareté ou une réputation de fiabilité qui résiste à la tempête. Mais dans l’ensemble, le mouvement reste orienté vers la baisse, accéléré par l’accumulation des stocks et le rythme effréné de renouvellement du parc automobile.
Où vont les prix en 2025 ? Les scénarios qui se dessinent pour les voitures d’occasion
Le premier trimestre 2024 n’a laissé aucun doute : la baisse des prix se poursuit et s’intensifie, portée par des stocks gonflés à bloc. La France n’est pas isolée. Partout en Europe, la surabondance d’offre pèse sur les grilles tarifaires. Voici ce que l’on peut anticiper pour l’an prochain, secteur par secteur :
- Pour les modèles diesel, la chute s’accélère. L’arrivée massive de véhicules issus des locations longue durée accentue le déséquilibre. Résultat : les tarifs reculent nettement, notamment sur les citadines et les compactes les plus diffusées des grandes marques françaises.
- Les voitures essence s’en sortent mieux. Leur dépréciation reste modérée, même si la tendance générale reste à la baisse. Les consommateurs, partagés entre l’achat neuf et l’occasion, entretiennent ce mouvement de balancier.
- Le marché des électriques d’occasion reste le plus incertain. Avec la multiplication des immatriculations neuves, en particulier chez Peugeot, Renault ou Volkswagen, le marché de la seconde main s’enrichit rapidement de nouveaux modèles. Mais la question des batteries BEV pèse sur la cote, et la chute des prix peut se révéler brutale, notamment sur les premières générations. Les hybrides, de leur côté, continuent d’attirer une partie des acheteurs prudents.
L’évolution du prix des voitures d’occasion en 2025 dépendra principalement de la capacité du secteur à absorber cette vague de véhicules, surtout du côté des électriques et des diesels. Les spécialistes anticipent la poursuite de la baisse, sans effondrement massif, mais avec de véritables écarts selon les modèles et les marques. Les Peugeot et Renault récentes pourraient connaître des réajustements sensibles, alors que certains modèles Volkswagen semblent mieux résister grâce à une demande plus régulière au niveau européen.
Voitures neuves versus occasions : quelles perspectives pour les acheteurs dans les mois à venir ?
Le paysage français se transforme à grande vitesse. Les ventes de voitures neuves progressent, portées par des aides à l’achat et un renouvellement rapide des flottes professionnelles. Les marques Renault, Peugeot et Volkswagen misent sur des solutions de financement alléchantes, espérant séduire des clients devenus méfiants face à l’instabilité des prix sur le marché de l’occasion.
Dans ce contexte, l’acheteur averti se retrouve face à un choix complexe. D’un côté, l’offre d’occasion s’étoffe, avec des modèles récents à des tarifs qui baissent semaine après semaine. De l’autre, la voiture neuve rassure, notamment pour la gestion des batteries et la garantie constructeur. Entre une Renault Clio ou une Kia électrique, les arbitrages se multiplient, car la dépréciation rapide de certains modèles rend le marché de la seconde main particulièrement attrayant pour ceux qui veulent acheter sans attendre.
Trois facteurs sont à surveiller pour ceux qui s’interrogent sur la meilleure option :
- La flexibilité du financement : leasing, crédit-bail, LOA, toutes ces formules modifient considérablement la manière d’acheter un véhicule.
- Les voitures neuves bénéficient aujourd’hui de délais de livraison raccourcis, tandis que l’occasion peut offrir une disponibilité immédiate.
- La mise en place de droits de douane sur certains modèles importés, décidée à l’échelle européenne, pourrait, à court terme, avantager l’offre locale et changer la hiérarchie des prix.
La rivalité entre neuf et occasion se concentre désormais sur les segments urbains et compacts. Dans les prochains mois, les acheteurs devront comparer avec précision le coût global, sans négliger l’effet des évolutions fiscales ou réglementaires. Les professionnels du secteur s’attendent à voir émerger de nouvelles stratégies d’achat, notamment chez ceux qui hésitent entre la tranquillité d’un véhicule neuf et l’avantage immédiat d’une occasion récente. Le marché s’installe dans une zone de flou, où chaque décision compte double, et où le prochain virage pourrait bien surprendre tout le monde.