Moins d’un adulte sur quatre sait nommer ses trois valeurs fondamentales. Pourtant, les dirigeants peinent rarement à souligner combien la cohérence entre leurs décisions et leurs convictions personnelles conditionne leur efficacité et inspire le respect. Les chiffres sont là : aligner ses actes sur ses valeurs réduit le risque d’épuisement, freine la démotivation, rend la prise de décision plus limpide. Mais faute de pouvoir nommer ce qui fonde leur boussole intérieure, beaucoup avancent à l’aveugle, se heurtent aux conflits, peinent à cultiver la confiance, envers eux-mêmes comme envers les autres.
Pourquoi les valeurs personnelles sont essentielles dans la construction de soi
À chaque carrefour, ce sont les valeurs fondamentales qui imposent leur présence, souvent sans bruit. Elles forment une charpente invisible, mais elles décident du cap. C’est là que se dessine la limite entre ce qu’on accepte de négocier et ce que l’on refuse, même sous pression. Chacun bâtit son système de valeurs au fil des années, modelé par la famille, le pays, les rencontres. Ce n’est ni la loterie, ni une histoire de dogmes hérités. Souvent, le déclic survient lors d’un revers, d’un choix qui dérange, ou d’un événement qui force à trancher : qu’est-ce qui, au fond, compte plus que tout ?
Le modèle des valeurs de Shalom Schwartz offre une lecture structurée de ce terrain. Il distingue des repères comme la bienveillance, la justice, l’autonomie ou la sécurité, et montre comment chacun agence différemment ces priorités. L’un mettra en avant l’engagement, l’autre la conformité, un autre l’universalisme. Ce schéma, validé dans des recherches internationales (Bilsky, Toward the Universal Structure of Human Values), met en lumière l’influence de ces repères sur la cohérence de nos décisions et notre équilibre psychique.
Face à un dilemme moral ou à un conflit, ces valeurs s’imposent. Impossible, par exemple, pour une personne qui place l’égalité en tête de tolérer l’exclusion, même subtile. Pour celle qui chérit l’autonomie, l’indépendance de jugement primera toujours. Les valeurs personnelles ne dressent pas des frontières hermétiques ; elles servent de ciment. Elles nourrissent la solidarité, cimentent la confiance, donnent du poids à l’engagement collectif. Toute la difficulté : reconnaître ces piliers, puis assumer de les défendre, même quand la facilité tend les bras.
Comment reconnaître ses trois valeurs fondamentales : méthodes et pistes de réflexion
Mettre le doigt sur ses valeurs fondamentales ne va pas de soi. Il faut du courage, parfois du temps. Les repères ne se révèlent pas au premier regard introspectif. Mieux vaut sonder les moments de tension, les décisions qui ont laissé des traces, ou ces renoncements qui, malgré la douleur, paraissaient nécessaires. À chaque fracture, une conviction affleure. Chaque choix laissé derrière soi trahit un principe silencieux, mais bien réel.
De nombreux chercheurs recommandent une méthode simple, mais exigeante : établir une liste de valeurs. Face à vingt propositions, justice, loyauté, audace, bienveillance, autonomie, etc.,, sélectionnez, puis réduisez progressivement, jusqu’à ne retenir que trois priorités. L’exercice force à trancher, à distinguer ce qui relève du superflu de ce qui forme la colonne vertébrale. Les études en développement personnel montrent que clarifier ces priorités permet d’ajuster ses actes, de renforcer sa fiabilité, de donner plus de poids à ses engagements.
Pour affiner ce travail, repassez en revue les situations où vous vous êtes senti en porte-à-faux, ou même trahi. Souvent, l’émotion forte révèle une valeur négligée. Reliez ces épisodes à vos objectifs du moment : les valeurs personnelles irriguent autant la sphère professionnelle que les liens intimes ou la capacité à inspirer confiance dans un groupe.
Pour rendre ce processus plus concret, voici quelques pistes à explorer :
- Identifiez les personnes qui vous inspirent et interrogez ce qui, dans leur manière d’être, suscite votre admiration.
- Repensez aux choix que vous avez assumés malgré les difficultés, et que vous referiez sans hésiter.
- Partagez vos réflexions avec des proches pour confronter vos perceptions à celles de votre entourage.
Ce travail, à la fois rigoureux et personnel, permet de repérer les 3 valeurs fondamentales à connaître qui serviront de fil conducteur à vos décisions, sur la durée.
Ressources et outils pour approfondir la découverte de ses propres valeurs
Pour cerner ses valeurs personnelles, l’introspection seule ne suffit pas toujours. Plusieurs ressources fiables accompagnent ce cheminement, en croisant regards extérieurs et outils structurés. Le modèle des valeurs de Shalom Schwartz occupe une place de choix : il cartographie dix grands domaines (autonomie, bienveillance, universalisme, sécurité, conformité, pouvoir, réussite, tradition, stimulation, hédonisme). Le test psychométrique associé offre un éclairage précis pour situer ses propres priorités dans ce paysage.
Dans le champ du développement personnel, ateliers collectifs et dispositifs d’auto-évaluation sont proposés, souvent au travers de mises en situation concrètes. Solliciter un regard extérieur, via une formation, un accompagnement, aide à dépasser l’évidence et à clarifier l’indicible. Les réseaux sociaux permettent aussi de rejoindre des groupes d’échange où témoignages et débats enrichissent la réflexion.
Voici quelques ressources à explorer pour affiner cette démarche :
- Tests psychométriques spécialisés, accessibles en ligne ou auprès de cabinets de conseil.
- Ouvrages et ressources sur le modèle des valeurs et ses déclinaisons aussi bien dans la sphère privée que professionnelle.
- Discussions en équipe, offrant l’occasion d’aligner valeurs individuelles et culture d’entreprise.
S’appuyer sur ces outils, c’est ouvrir la voie à une cohérence renforcée entre ses objectifs, ses actes et les effets produits, que ce soit au travail, dans un collectif ou dans la relation à soi. Pour beaucoup, c’est aussi la première étape vers une vie dont on assume pleinement le cap.